Je m’appelle Mélodie ou l’histoire de ma vie (8)

 L’explosion nº8

Dans notre chalet, il manque un peu de joie de vivre. Mon mari est souvent absent et les semaines sont longues. Quand il rentre, les fins de semaines, j’ai juste droit à un baiser rapide et les enfants accueillent leur papa à bras ouverts. Il s’inquiète des résultats de la semaine, me donne son linge sale, et va lire le journal dans le sofa, pendant que les enfants dressent la table. Romain, lui qui était si bavard et toujours à plaisanter, est peu éloquent. Il parle peu, est taciturne… Je pense qu’il est malade et ne veut rien me dire. Nos retrouvailles ne sont pas fusionnelles comme avant… avec l’âge et la routine tout change peu à peu, sournoisement. Il ne parle plus de son travail avec fougue, il donne l’impression de vivre dans un autre monde. Oui, mais lequel ? Je n’ose pas lui poser de question, c’est à lui de me parler de ses problèmes. L’ordinateur, au chalet, est son meilleur ami, il ne le quitte plus. Il ne participe plus aux balades dominicales en montagne. Il est trop fatigué..

Alors, je m’imagine qu’il a un cancer ou autre maladie grave et qu’il ne veut pas en parler, pour ne pas troubler la vie de ses enfants et la mienne.

Les enfants sont couchés, nous sommes au début de l’hiver. Assis devant la cheminée, nous regardons les flammes. Sauf le grésillement du feu et le tic-tac du   » coucou  » c’est le silence.

  • < Je dois te parler,

  • Dis-moi si tu es malade, car je vois bien que tu me caches quelque chose et je suis inquiète.

  • Non, je ne suis pas malade, rassure – toi

  • Un problème à ton travail ?

  • Non, non, tout va bien. Au contraire , j’ai encore une promotion et passe directeur avec une très bonne rémunération.

  • Alors, quoi ??

  • C’est difficile à dire. Tu sais que j’aime plus que tout mes enfants et que tu es une maman parfaite. Tu es aussi une bonne épouse.>

Il est évasif et s’enferme dans ses pensées.

  < Merci, c’est gentil, mais je fais ce je pense être le meilleur pour ma famille. J’ai la chance de travailler à la maison, c ‘est aussi une chance pour nous.

      • C’est pour cette raison que j’ai attendu si longtemps pour t’en parler. Je vais te faire du mal et je n’aime pas ça. Je vais aussi décevoir mes enfants.

      • Tu as une autre femme dans ta vie ?

      • Hélas , oui. C’est surtout pour ça que je ne rentre plus la semaine . Au début, parfois, c’était pour le travail. Alors, peu à peu , cela me paraissait plus facile. Tu pensais que je travaillais et j’étais chez elle. >

Ma gorge se serre. Les larmes montent. J’essaye de ne pas pleurer et mon corps se met à trembler. Ce n’est pas vrai !, ce n’est pas possible. Pas çà ! Pas à moi !, Mais pourquoi ??? Je fais un terrible cauchemar…. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?? –

_ < Et moi qui pensais que tu me cachais une maladie grave !

      • Je suis désolé, vraiment, je ne sais même pas comment cela a débuté . Enfin, si…Un soir, après un repas du bureau un peu trop arrosé, je dansais avec la standardiste, et je ne sais pas comment, mais je me suis retrouvé dans son lit…. Voilà, tu sais tout, mais tu n’y es pour rien. J’ai beau réfléchir, je n’ai rien contre toi, je t’aime, mais , elle je l’aime différemment. Je l’aime et voudrais ma liberté.

Le ciel me tombe sur la tête!. Le visage entre mes deux mains, je réfléchis… Ma vie passe en vidéo, en mode rapide, Pourquoi ?…Mais pourquoi moi ?? Surtout, ne pas pleurer.

Dehors, il pleut et je pense à cette phrase célèbre de Verlaine, lointain souvenir du lycée,   < il pleure dans mon cœur, comme il pleut sur la ville >. Je trouve ce vers tellement de circonstance.

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4 commentaires pour Je m’appelle Mélodie ou l’histoire de ma vie (8)

  1. Pas facile d’illustrer une page si triste!…

  2. Arf!!! pour pas de visiteurs!. Sont pas gentils…

  3. Je voulais dire: toujours pas de visiteurs ( mes doigts sont gelés).

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